Le système constructif participe à faire évoluer les métiers vers une maîtrise plus complexe, une meilleure sécurité, une optimisation des gestes. Il se sert notamment et de manière très conséquente des moyens de conception, de planification et d’usinage par ordinateur.
Le savoir faire est à la portée des grandes entreprises de construction aussi bien que des artisans de la charpente ou d’équipes volantes de monteurs. Pour en tirer profit en toute maîtrise, il suffit à une entreprise d’une part de maîtriser des logiciels de conception 2D ou mieux, 3D, et d’autre part s’accorder au fait que le montage de la structure close d’un bâtiment est désormais presque aussi simple et presque aussi rapide que la construction d’une maquette en carton plume … à condition d’introduire une rigueur certaine dans la préparation logistique du chantier et dans les séquences d’assemblage de l’édifice.
Meilleure maitrise
Il introduit un changement important dans les pratiques habituelles du chantier : tout doit être soigneusement pensé et préparé, car plus aucune décision n’est à prendre sur chantier … cela se fait en amont.
Chez les charpentiers, ceci est pratique courante. De plus, l’usinage par commande numérique et la programmation des centres d’usinage ont progressivement pris place dans la vie des charpentiers aujourd’hui, à côté de leur savoir faire traditionnel. Le CLT est un système pour professionnels compétents, à tout niveau.
La croissante compatibilité entre eux des logiciels de conception architecturale, structurelle et de pilotage de production, de l’usinage, font que le trait de l’architecte est facilement porté de manière ininterrompue à travers toutes les étapes de verification structurelle, de programmation, d’approvisionnement, de production, d’usinage et du montage en une chaîne maîtrisée : autant de sources d’erreur évitées.
Il suffit d’une vingtaine à peine d’éléments CLT pour composer une maison individuelle. Aucune transformation n’est à exécuter sur chantier, tout est préparé dans l’atelier du fabricant … au point où le montage ne prendra que moins de 20 minutes par élément, soit deux journées pour une maison, y compris l’installation d’une grue automotrice et le bâchage de l’ouvrage en attente de pose des huisseries, de l’isolation et des revêtements extérieurs … L’outillage nécessaire est simple : une demi-douzaine d’outils portatifs et une grue automotrice.
Etanchéité à l’air
Les panneaux CLT de grand format sont réputés étanches à l’air à partir d’une composition en 5 plis ou plus. Ils offrent une économie considérable en ce qui concerne les mesures d’étanchéité à l’air à réaliser : joints compressibles en périphérie du panneau, ou bandes adhésives spéciales étanchéité à l’air. L’étanchéité à l’air par joint compressible entre un mur de façade et le plancher sur lequel il est posé nécessite une attention particulière, car l’ajustement de position du mur lors de la pose peut déchirer le joint en pied du mur; il existe des joints compressibles montés sous un film épais coulissant qui sont parfaits pour cette situation.
De nombreuses entreprises préfèrent les joints compressibles, car ils peuvent être agrafés avant le levage du panneau, en temps masqué, ce qui constitue un gain considérable de temps au montage.
Maîtrise de l’humidité
D’autres entreprises préconisent la pose systématique d’une membrane frein-vapeur sur les faces extérieures qui non seulement assure l’étanchéité, le contrôle de conductivité à la vapeur mais qui offre aussi l’avantage de bâcher l’ouvrage en même temps. Ce dernier et nécessaire geste est souvent négligé mais cette omission est en totale contradiction avec le fait de construire avec le bois dont l’hygrométrie doit être stable : pour une garantie du collage et pour éviter la prise d’humidité qui favoriserait l’installation néfaste de champignons, pourritures et autres xylophages.
Acoustique
Pour améliorer la rupture de transmission phonique entre éléments CLT, il existe des bandes et coussinets d’appui en polymères dans des gammes correspondantes aux compressions subies selon les situations.
Pour amortir les bruits aériens et les bruits d’impact sur les planchers, on se sert de systèmes de lestage, par l’apport d’une chape (sèche évidemment, toute utilisation d’eau sur un chantier bois est à proscrire), d’une couche de granulat minéral de forte densité, de dalles sèches ou de béton en application hors chantier, comme les dalles bois-béton collaborantes, en préfabrication.
Précautions de rigueur
Comme tout élément constructif en bois, il convient de protéger le CLT de l’exposition à l’humidité stagnante, de préférence par mesures préventives constructives plutôt que par traitements chimiques. Sur le chantier, bâcher est incontournable, pour protéger des intempéries durant la nuit et le weekend. Il va de soi que les travaux de maçonnerie, de coulage de béton ou de chapes doivent être livrés, terminés, avant de n’engager la construction bois … facile à dire mais pas si évident à tenir dans la réalité.
En ce qui concerne le risque feu, comme pour tout élément constructif en bois, il convient de prendre en compte la vitesse de calcination de 0,65 mm par minute par face pour dimensionner les épaisseurs en prévision de la stabilité au feu de l’élément dans le temps attendu … par la règle de trois. Pour des situations particulières, les bureaux d’étude compétents sont de bon conseil.
Relations entre prescripteur, constructeur et fournisseur
Le constructeur maîtrise le CLT, il est alors un interlocuteur important pour l’architecte, à côté de l’ingénieur. Les décisions prises dans ce triangle auront une importance cruciale pour l’économie des parties structure et enveloppe d’un projet. Ne pas impliquer le constructeur dans la phase conception résulte en une perte d’opportunités d’optimisation et une perte de temps, d’économie. C’est la traduction des décisions architecturales et d’ingénierie en gestes constructifs et leur optimisation qui sont la principale maîtrise qu’apporte le constructeur ; c’est lui qui, avec le bureau d’étude chez l’industriel, établit les plans détail des éléments constructifs et les séquences d’assemblage.
Toutefois, la qualité du traitement d’une demande et le suivi d’un projet chez le fabricant sont inégaux d’un fournisseur à l’autre, et il convient de s’assurer d’un suivi compétent et pertinent, et d’un interlocuteur attitré.
Le charpentier ou le constructeur avisé doivent trouver chez le fournisseur un interlocuteur du même calibre … et vice-versa. Aussi, il paraît évident que le fait de changer d’interlocuteurs au cours d’un même projet va très certainement entrainer des confusions qui peuvent s’avérer coûteuses.